Les chaudières à CSR, notre point de vue

Objectif : démontrer qu’on qualifie à tort une chaudière à CSR d’instrument de valorisation énergétique afin de cacher le terme « incinérateur à CSR ». Une activité appelée à disparaître avec le tri à la source et l’énergie solaire.

Introduction

La transition énergétique et la gestion durable des déchets sont aujourd’hui au cœur des préoccupations environnementales. Dans ce contexte, la chaudière à CSR (Combustible Solide de Récupération) s’imposerait comme une solution prétendue innovante pour valoriser les déchets non recyclables et produire de l’énergie sous forme de chaleur ou d’électricité. Produire des CSR et les brûler est l’aveu du terrible échec de la politique « Zéro déchets » dont un élément fondamental est le tri à la source (désigné à tort par le pléonasme tri sélectif, un tri est, par nature, une opération de sélection). Le concept de CSR est intimement lié à celui de tri mécano-biologique et la négation de l’acte citoyen de tri à la source.

Tri mécano-biologique vs tri à la source

Les partisans du tri mécano-biologique (TMB) mettent en avant les vertus d’un ensemble de machines (filtres à tambours rotatifs et tables vibrantes, …) pour séparer les composants de déchets mélangés dans une usine. L’exemple typique est l’unité de méthanisation « Ametyst » réalisée à Montpellier (quartier de Garosud, 11 rue Raymond Recouly – mise en service en 2008) par la Société Vinci. Une « unité » (pas une usine !). Cette usine prétend séparer la fraction fermentescible des ordures mélangées (poubelle dite grise, en réalité noire) du reste. La collecte se fait en réalité d’ordures mélangées, le tri à la source des biodéchets (dans les poubelles orange ou les sacs plastiques orange) ne fonctionne que très partiellement. Le tri à la source doit éviter de mettre en contact des déchets recyclables (boites de conserve en verre ou en plastique, sacs en plastiques, emballages de toute sortes, …). Il faut leur éviter la souillure engendrée par le contact avec les biodéchets en fermentation. En effet, les biodéchets ou fraction fermentescible des déchets ménagers commencent très rapidement à se décomposer dans le conteneur séparé engendrant des odeurs insupportables et des lixiviats de décomposition, très acides, dans des conteneurs non adaptés dont la couleur orange est le seul mérite. Nous verrons plus loin ce qu’est un compostainer. Que faire des biodéchets triés à la source ? Au plan scientifique comme économique la méthanisation ou le compostage sont les deux traitements adéquats et vraiment écologiques.

Compostage vs méthanisation

Compostage

Le traitement par compostage consiste à laisser les biodéchets se décomposer (se dégrader) en tas largement aérés auxquels on a ajouté un produit structurant, du bois raméal fragmenté ou du bois broyé. En présence de l’oxygène de l’air, ce mélange biodéchets-bois broyé (biodéchet-S) se décompose en produisant du gaz carbonique. Les tas sont remués périodiquement, retournés. C’est ce traitement qui est appliqué à la station ou plateforme de compostage d’Aspiran crée en 2002 (Syndicat du Centre-Hérault, route de Sète, Hérault). Le compost obtenu est un produit très recherché localement par les agriculteurs-viticulteurs pour amender et structurer des sols pauvres en matière organique. Il est vendu. Qu’en est-il de la méthanisation ?

Méthanisation

Le mélange biodéchets-bois broyé (BBB) est introduit dans des enceintes fermées désignés comme digesteurs ou méthaniseurs. Le mélange bio-déchets-structurants va fermenter en l’absence d’oxygène produisant un bio-gaz composé à 40% de gaz carbonique et 60% de méthane (un hydrocarbure simple). Le digestat obtenu est dirigé vers des stalles fermées à ventilation forcée d’air où il est périodiquement retourné. Il se transforme en compost. C’est ce qui a été construit à Barcelone (Ecoparque III) ou en Ile-de-France (Etampes, …). Soulignons l’existence de Varennes-Jarcy (SIVOM d’Yerres et des Sénarts), ancienne plateforme de compostage de déchets résiduels d’une capacité de 100.000 tonnes aux horizons 2010/2020. La méthanisation ne s’applique pas qu’aux biodéchets des ménages. Elle concerne le domaine agricole avec les lisiers d’élevage et les déchets de biomasse, les stations d’épuration avec les boues urbaines, déchets de la restauration, déchets industriels banaux, …

Le cas des digestats issus du tri mécano-biologique nécessite des digesteurs à brassage mécanique par palettes (Kompogas, fabrication suisse tré onéreuse). En effet, malgré les filtres très fins, les digesteurs à brassage par réinjection du biogaz (type Valorga) se bouchent avec les particules de plastiques non-éliminées par le TMB. Le compost de ces digestat est un déchet inutilisable en agriculture. Il faut s’en débarrasser. Comment ? L’idée a germé de le conditionner pour en faire du CSR et chauffer des chaudiéres. On incinère les CSR, on les fait brûler. Il est établi par ailleurs que le rendement en biogaz d’un digestat de TMB est inférieur à celui du digestat de biodéchets issus du tri à la source.

Perspectives et conclusions

L’interdiction gouvernementale de l’emploi des sacs en plastique a fait chuter la présence de ce matériau dans les déchets en général et notamment dans les déchets ménagers. Le développement du tri à la source, du compostage en habitat individuel, en pied d’immeuble, en quartier, devrait diminuer, à terme, la production de CSR et la fermeture d’usines de TMB-méthanisation, donc la production de CSR. La volonté politique doit s’exercer pour mettre en place une véritable politique du zéro déchet par le tri à la source permettant le recyclage, la réparation, la réutilisation et le réemploi. Oui, nous sommes persuadés que c’est possible, il suffit de le vouloir et non pas d’affirmer que c’est impossible. Il suffit également de trouver et mettre en place une alternative à combustion des CSR en hydrocarbures (cela se fait ailleurs dans le monde). Quand on n’a pas de pétrole, …, !!! on a des idées.

Pour chauffer de l’eau, il y a d’autre solutions que de brûler de précieux combustibles (gaz, houille, biomasse, CSR, …). Nous disposons dans le sud de la France d’une source inépuisable d’énergie : le soleil et son bombardement et rayonnement calorifique. Les solutions existent, comme le disait Saint-Exupéry « Il y a des forces en marche. Il faut les créer et les solutions suivent. ». À l’ODAM, nous appuyons nos forces sur des raisonnements scientifiques, non sur des idéologies pseudo-écologiques « en peau de lapin » ! Nous ne faisons pas des miroirs aux alouettes pour gagner un électorat. L’enseignement de l’écologie reçu à Montpellier en 1967-68 apprenait « la vérité terrain », une vérité appuyée sur des faits.




Les propostions de l’ODAM

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Info

L’ODAM n’a rien inventé, nous nous contentons d’observer ce qui se passe ailleurs dans le monde grâce à ce formidable outil de transmission des informations qu’est Internet. Nous nous plaçons dans une perspective globale de défense de l’Environnement et non dans celle ou chaque communauté territoriale agit pour son propre compte, sans solidarité avec sa voisine.

Plus d’incinérateurs, des Usines de Tri Intégral des Déchets, ce que certains ont appelé des Parcs à Ressources.

Il faut d’abord réduire le volume des déchets à trier, substituer une redevance au poids des ordures collectées par habitant à une taxe forfaitaire sur le foncier bâti. C’est possible à condition d’éduquer les gens et de mettre en place une politique active d’agents spécialisés : les Ambassadeurs du tri. Pour ceux qui seraient tentés de déposer leurs ordures nuitamment dans la poubelle du voisin ou dans la nature, des mesures coercitives sont à envisager. Sinon, une politique contractuelle avec les acteurs sociaux (associations de locataires, comités de résidents d’immeubles collectifs, …), les syndics et les gestionnaires d’immeubles, etc. est à mettre en place, à l’exemple de nos voisins du sud (Barcelone, Valencia, …). Les industriels producteurs d’emballages et les commerçants (grandes surfaces, …) doivent être responsabilisés. Moins de déchets produits = moins de déchets transportés, moins de carburants dépensés et moins de pollution atmosphérique.

Le tri des déchets doit être fait au plus près des producteurs : chez l’habitant. Le traitement doit être organisé pour de petites entités de populations (districts de 100.000 habitants), à l’exemple de la Suisse où on trouve une usine de traitement par district. L’usine de traitement doit être couplée avec la station d’épuration d’eaux usées. Cela suppose une planification nationale. Nous pouvons donner l’exemple dans l’Agglomération de Montpellier : 400.000 habitants = 4 usines de traitement. Il faut responsabiliser les habitants en les traitant comme des citoyens, non comme des assistés. Moins une usine est grosse, plus elle est facile à contrôler, en particulier par les populations. A chaque usine de traitement sa CLISS (Commission Locale d’Information et de Surveillance des Installations Classées :  Loi n 76-663 du 7 19 juillet 1976 Relative aux installations classées pour la protection de l’Environnement). Une UTID doit être placée raisonnablement loin des habitations qui ont droit à une protection contre les nuisances. La plus élémentaire règle d’équité environnementale doit faire cesser la concentration des usines dans des quartiers poubelles (la ZAC de Garosud à Montpellier est un mauvais exemple de ce qu’il ne faut pas faire). L’objectif doit être clairement affiché : zéro déchets ultimes (ZDU) par l’application de la régle des 4 R (et même plus de 4 : réduire, recycler, récupèrer, réutiliser, réparer, réhabiliter, …). Il faut cesser de considérer les déchets comme un produit honteux : c’est une matière premiere secondaire. Comme telle, elle doit être valorisée et rémunérée à son juste prix  Quand nous aurons atteint l’objectif « ZDU », il ne sera plus nécessaire d’avoir des décharges de classe 3!

Une politique courageuse, active et résolue est nécessaire. Le travail d’éducation des Ambassadeurs du Tri doit être préparé pour les Générations montantes par l’éducation scolaire au tri dans les écoles et les centres de loisirs-vacance pour jeunes. Nous sommes persuadés que les associations concernées sont prêtes à s’engager, localement, départementalement, régionalement et nationalement.

Ne dites pas que c’est impossible ! Si aller chercher des exemples dans le monde n’est pas suffisant, alors regardons nos proches voisins (Allemagne, Espagne, Suisse, Danemark, …). Nous sommes en queue de peloton en Europe.

Raymond GIMILIO
Docteur en Biologie végétale de l’Université de Montpellier, option Ecologie
Ancien fonctionnaire du Ministère de l’Environnement
Président de l’ODAM

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Le président

Raymond  GIMILIO

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Pacte écologique Hulot : découvrez le et signez le

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Info 2007

Nicolas Hulot a fait appel à un comité d’écologues, économistes, agronomes, forestiers, scientifiques … , au nombre de 24, qui l’ont aidé à rédiger sa proposition d’un pacte écologique. Il en a publié un livre que nous allons vous résumer (Pour un pacte écologique, Calman-Lévy, 2006). Il propose :

  • 10 objectifs pour un changement de cap,
  • 5 propositions concrètes pour changer.

L’ODAM est heureuse de retrouver dans ce livre la prise en compte de solutions écologiques de traitement des déchets (p. 68) … à réduire, à récupèrer, à réutiliser, à réparer, à refabriquer et à recycler les productions ; à transformer les déchets en ressources et les matières utilisées en matières premières …. Cliquez ce lien.

M. Nicolas Sarkozy, candidat aux élections présidentielles avait signé ce pacte que M. Nicolas Sarkozy, Président élu se fera un devoir de faire appliquer par le nouveau Ministre d’Etat, Ministre de l’Ecologie et du développement durable ? Téléchargez la déclaration du candidat.

Découvrez qui, dans l’Hérault, a signé le Pacte Ecologique ! Cliquez sur ce lien.

Merci Merci Nicolas Hulot! Ici, à Montpellier et dans sa région, un rapport de Commissaires enquêteurs au Préfet[1], a qualifié nos propositions de sagesse (opposées à une grande réalisation industrielle, nous parlions des 4R) « de peu réalistes » ! (Rapport d’enquête publique sur l’usine de Garosud). En conséquence, le Préfet a signé la déclaration d’utilité publique. L’usine se construit ! Le même préfet accorde des dérogations à un incinérateur condamné à être fermé par la justice pour sa non-conformité.

Nicolas Hulot précise que pour le développement d’une nouvelle stratégie industrielle, la puissance publique doit s’engager. Si nous sommes d’accord avec « Un système où, en quelque sorte, la réduction à la source l’emporte sur la croissance en volume », alors nous devons faire en sorte que tout le système de gouvernement depuis le Président jusqu’aux députés que nous envoyons au Parlement, en passant par les Sénateurs et les services extérieurs de nos ministères, changent de mentalité.

Ce n’est pas une utopie mais la stratégie du « zéro déchet ultime » que nôtre association prêche depuis sa création, est mise en oeuvre dans de nombreux pays du Monde avec les ECOPARCS (Espagne, Suisse et particulièrement canton de Genève, Danemark, Canada, Suéde, Allemagne, Autriche, USA, Chine, …). Le Parc à ressources ou l’Ecoparc, les bourses au déchets ne sont pas une utopie de petit écologiste de province[2] ni de Collectif Interassociatif des Déchets de l’Hérault ! Espérons que le récent séjour québecquois d’un an, de notre nouveau Ministre d’Etat au Développement durable, lui aura montré la voie à suivre dans son Ministère[3]. Le rôle primordial des Services extérieurs du Ministère chargé de l’environnement et du développement durable (quel que soit le nom exact qu’on lui donne) doit faire que ces services soient enfin dotés des moyens et des personnels propres à faire aboutir leurs missions. Pour cela, les missions du Ministère chargé de l’Environnement ne sauraient continuer à être déléguées aux services extérieurs d’un autre Ministère (DRIREs, DREs), fussent-ils ceux de l’Equipement ou de l’Industrie (et encore moins à ce dernier!).

Aucun permis de construire une usine de traitement des déchets, aucune dérogation de poursuite d’exploitation d’incinérateur ne devront être désormais délivrés sans la mise en place effective des mesures de réduction des déchets à la source, de tri sélectif efficace en vue de recycler, réutiliser, réparer, … La mise en place des Commissions Locales d’Information et de Sécurité (CLIS) doit être effective et générale, sans réticences de la puissance publique avec application stricte des lois existantes et surtout, (surtout !), du principe de précautions  inscrit dans notre Constitution. Le doute sur les dangers d’une installation classée ou non, dès lors qu’il existe, doit profiter aux citoyens et obliger la puissance publique et ses représentants, sans complaisances, à un travail effectif de concertation et d’explications conformément aux lois en vigueur ! La parole d’un industriel ne doit plus suffire et le caractère expérimental d’une usine sans précédents doit conduire à la plus grande prudence voire à son interdiction si située en zone urbaine.


[1] sur l’implantation d’une unité de méthanisation en milieu urbain (3 avril 2006). Rapport Llamas, Corp et Breuil. En novembre 2013, cette usine de traitement d’ordures ménagères par TMB-M est une source de nuisances olfactives pour les riverains et sa ligne « écologique » de traitement de biodéchets ne fonctionne plus.

[2] Je suis fier d’avoir fait partie, d’avril 1980 à juillet 1985 de la Mission des Etudes et de la Recherche puis du Service de la Recherche et du Traitement de l’Information du Ministère de l’Environnement comme Chargé de mision de haut-niveau.

[3] Il n’est pas resté longtemps et a été remplacé par M. J.L. Borloo, un des fondateurs de Génération Ecologie.

Raymond GIMILIO
Président de l’ODAM
Ancien chef de la Mission des Systèmes d’information du SRETIE du Ministère de l’Environnement
Ancien chargé de Mission auprés du Directeur de la Nature et des Paysages du Mnistère